lundi 19 mars 2012
MIRACLE DE METAL
Rouler la nuit sans destination. Décrire une boucle. D'abord faire chauffer le cheval de métal, laisser ses muscles se dilater, s'ajuster. Le sortir avec précautions du corral. Et l'élancer. Epouser son dos devenu chaud. Délicatement mais fermement tirer les rênes. Lécher les courbes. Soigner la trajectoire. Fixer l'horizon qui recule au bout de la ligne droite. Ecouter avec délice le chant des chevaux. Oublier qu'on aime mal finalement. Mais jamais en vain. Ralentir le temps, accélérer et voir se plier les signaux indicateurs. Faire une halte dans une aire de repos autoroutière, faire le plein. Prendre le temps d'écouter le vacarme des cylindres fous qui passent en trombe au delà du rail. Le clic-clic de la mécanique qui refroidi, le halètement du ventilateur. Humer l'air mouillé teinté d'essence. Admirer une belle cavalière esseulée, silencieuse, peut-être en fuite elle aussi, derrière un café fumant. Sucré. Admirer tous ces rescapés d'autostrades, encore sous l'emprise du léger, mélancolique vertige et goûtant au bref répit illusoire avant d'affronter la nuit et la mort qui attendent au dehors. Rejoindre la vie avant l'aube. Que le bitume m'est doux par ces nuits d'asphalte. Que la vitesse m'est douce. Que la vie me semble lente et suspendue une fois la course du compteur achevée sur la droite. Ce fil ténu entre les deux rives. Mon corps, ma tête se sont fondus avec la machine et ont épousé la route. La vie devenue simple, la vie arrêtée. Miracle de métal, que tes mains m'enlacent. Miracle de métal, ramène-moi à la maison.
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2 commentaires:
Le voyage pour bercer sa peine... Hé oui.
bonjour jé...,
quand est-ce que je pourrai voir ce miracle ?
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