dimanche 5 février 2012

JERONIMO ALBUM 4


Tout continue à bien se passer. Les chansons sont simples. Je les chante chaque matin, avec le Dobro. Cet instrument étrange a tout inspiré, m'a permis de redécouvrir les accords les plus simples. Mon Mi majeur tant aimé et son inquiet de relatif mineur de Do dièse. De les entendre à nouveau. Ce son métallique et coin-coin. Cette guitare lourde et étincelante. Ce magnifique chant des cordes qui "frottent". J'avais acquis de beaux carnets Moleskine, noir et classe, papier écru épais, finement relié. De vrais écrins à mots. Curieusement ça m'a bloqué. Je n'osais pas noircir leurs pages. Alors j'ai tout couché sur des sets de table, trouvés à la Cantine Sainte Justine de Salo au Lac de Garde, chez mon pote GianCarlo. Car c'est là que ça a recommencé. Des sets de table en papier qui illustrent des plans de ville: New York, Paris, Tokyo et Londres. Le plan de leurs rues. Vertical. Voyager sans se déplacer. Processus.
Je plie le set en deux et le déchire selon la pliure. A4. J'écris. Un set de table complet replié en deux (A3, New York) sert de farde. Voir photo. Cette farde ne me quitte jamais. Je n'ai pas recopié les paroles dans Word, j'ai scanné les pages manuscrites. L'album est intitulé "Zinzin". Scoop. Il ne changera plus. J'avais pensé à d'autres choses mais ce titre s'impose naturellement. Donc je chante cet album chaque matin. Après être sorti d'où je ne sais sans chercher à savoir comment (le concours avec Giancarlo ?), je me le rentre dans la gorge et les doigts. Je n'élabore aucune démo, grand changement pour moi. Les arrangements, nous verrons cela avec le groupe. Tous ensemble. Je veux mettre un terme à ce "complexe de production" comme le nomme si bien Marc Morgan l'Orfèvre. Alors ce sera une production Bob Moretti, ce personnage imaginaire qui regroupe les acteurs du disque, où chacun amène ce qu'il sent. Je suis le catalyseur. Non je ne suis rien. Les chansons savent, moi je ne suis qu'un passeur. Bob Moretti est déjà présent dans les crédits du malheureux "Mélodies Démolies", c'est là qu'il est né ce producteur un peu zinzin, rigolard, intransigeant. En Italie. L'importance de ce pays est cruciale. C'est là qu'est né le malheureux troisième, c'est là qu'il m'est apparu clairement fin 2009 que je devais mettre un terme à Jeronimo. C'est là que fin 2011, il m'est apparu évident de reprendre le guidon. Le Lac de Garde m'attend dans 15 jours, je redescends, course de Karting, mais aussi la guitare Eko qui m'attend chez mon frère sur laquelle j'ai commencé le travail il y a un mois. Sur laquelle je vais l'achever. Si j'avais une fille, je l'appellerais Echo. Nymphes des sources et des forêts du mont Helicon. Pépiante, bavarde, généreuse, la fille aux milles histoires. Zeus l'utilisera pour distraire Hera et ainsi papillonner tranquille. Echo sera condamnée au silence par la jalouse Hera, à ne pouvoir répéter que le dernier mot prononcé près d'elle. Et le coeur brisé par le suicide de Narcisse dont elle était follement éprise, elle se laissa dépérir et seule sa voix subsista. Du sang versé naquit la fleur. Et vous savez mon amour sans borne pour ce phénomène acoustique qu'est l'écho et mon usage immodéré de celui-ci avec la guitare. Plus qu'un effet, un mode de vie. Et puis ce titre, "Zinzin", cette syllabe curieuse et un peu drôle mais de funeste origine qui se répercute et se répète.