Bref. Lorsque je suis arrivé au Lac de Garde le 29 décembre dernier, j'ai lancé un concourt avec un pote du coin, Giancarlo. Gianca est un artiste. Il tient une petite cantine dans la ruelle Ste-Justine où je vais manger très souvent. Manger, jouer sur sa 12 cordes, déguster quelques très bons vins et parfaire mon italien plus qu'hésitant. Mon frère est souvent de la partie. Gianca cuisine parfaitement, rien à redire, en finesse, en patience, en harmonie avec les produits de Modène qu'il importe chaque semaine. Gianca est aussi auteur-compositeur-interprète. Des ballades, voix basse un rien éraillée. Fan de Vasco Rossi, Sinatra et Dylan. Lorsque je suis arrivé au Lac de Garde le 29 décembre dernier, j'ai lancé le concourt suivant: écrire une chanson par jour, chacun de son côté et la présenter le soir autour d'une Pilzner. Ecrire vite et sans réfléchir, quelques accords et jamais plus. Et ça marche. Bon nous avouerons n'avoir pu écrire la moindre ligne le 1er de l'an, impossible, ce n'était pas la barre, ce n'était pas même la poutrelle, c'était carrément la charpente. Bref, 3 chansons en 5 jours. Simplement. Rapidement. Peu avant d'arriver au Lac de Garde le 29 décembre, j'avais appelé Thomas Jungblut pour évoquer ensemble l'éventualité de remonter sur scène avec Jeronimo, Tympan n'ayant pas abouti. L'envie, le manque, le plaisir, le nôtre et celui des gens. Enthousiaste le T-Jung. Il m'a avoué que ça lui manquait. Nous irons boire un verre et discuter tout bientôt. Le plus important: la scène. Monter un truc rigoureux et carré, histoire de s'amuser. Impossible de prendre du plaisir avec un bazar qui cliquote de partout comme un vieil Airbus (cf tournée Mélodies Démolies). Ordre, méthode, discipline. Un disque aussi. Je compte peut-être retourner dans la maison qui a vu naître "Jours Sombres Nuits Blanches" de Marc Dixon. L'endroit est propice. L'air y vibre comme j'aime. La grande pièce du rez-de-chaussée me plaît beaucoup, 20 mètres sur 7, parquet, baie vitrée asymétrique et occultable, murs en vieilles pierres, nature, rivière, sauna pour des amplis un peu forts. Un plan simple, pour le plaisir. Le côté "business", je pense en être guéri. J'ai eu ma petite toute petite gloriole et le mauvais goût des lauriers, les exigences et les conseils des uns et des autres, j'ai souvent dit oui à des gens dont je savais qu'ils avaient tort. J'avais souvent tort aussi. Ce fut une bonne école pour éprouver ma passion pour la musique. Toute l'année 2011 fut dédiée à passer ce cap. Faire le point, ne rien regretter. Un vrai trou noir. Une vraie page blanche. Elle est tournée, l'encre coule tout seul à nouveau. Si vous le désirez, laissez-moi en commentaires les anciennes chansons que vous aimeriez réentendre sur scène. "Le Petit Ramoneur de Rien du Tout", "Elle s'en va tuer un Homme" ainsi que "Irons-nous voir Ostende ?" y figurent déjà. Avant d'arriver au Lac de Garde le 29 décembre dernier, j'étais dans un avion désert au-dessus des Alpes seul avec le jour naissant. Café Cognac. J'ai senti que tout revenait, que le Sahara était derrière. Tympan ne fut qu'en définitive un mirage, je n'ai jamais pu que l'apercevoir de très loin, un peu brouillé, image instable, illusion inaccessible. Même Giancarlo m'a toujours appelé Jeronimo, tout le monde a continué de m'appeler comme-ça. Au Quick, à l'auto-sécurité, à la banque, à l'école, au bar, dans mes rêves et mes cauchemars. Mercredi soir chez mon ami d'enfance, sur un coup de tête je lui ai chanté à lui et à Bonnie (manager secret et invisible) une des petites nouvelles. "Mais qu'est-ce que tu attends pauvre con ? " m'ont-ils répondu. Une bonne claque, et le second déclic. Après Mélodies Démolies, j'étais cuit, cassé et furieux. Je cicatrise très mal, très lentement. Mais après coup cela donne de belles balafres.
PS:
Photo 1: Heidi et Champion.
Photo 2: Dobro et Bobonne
Photo 3: Giancarlo et la guitare Eko, Salo, Lac de Garde