mardi 24 avril 2012

JE SUIS UN TRAIN DE MARCHANDISES




Studio Nord-Nord-Est. Une prairie, un cheval et un poney. Quelques bons micros. Plus loin en contre-bas le cinéma en plein air et enfin les Flandres. J'ai débuté les sessions avec "Vendredi aux écuries". Dont je dois remanier le texte. L'arrangement est entêtant, contagieux avec ses arpèges d'autoharpe et les choeurs dans le finals. J'ai enchaîné avec "Nagasaki 30 secondes avant". L'approche sonore, les autoharpes et l'écho est bonne mais la structure rythmique est compliquée. Je dois y revenir. J'ai poussé le bouchon plus loin avec "Elle s'en va tuer un homme", en quittant son climat boisé automnal pour quelque chose de plus européen, de plus traditionnel. Désormais comptine valse en montagnes russes, toute vibrante de mandolines, de kazoo et d'autoharpes. J'ai obliqué sur "Ta nuit dans les bras de Berlin", bastringue, franche du collier, un peu déglinguée avec le riff de Dobro en roue de vélo voilée . Arrangement très "années folles". Cap sur "Paris petite conne", où j'ai opté pour une ballade toute country qui sent la vache, avec une télécaster et du trémolo à gauche et le dobro qui gazouille à droite. Et beaucoup de traitements sur les reverb et delays qui lui donne une couleur Eno/Lanois que j'aime beaucoup. Cousine éloignée de "Corrina Corrina" ? "John Lennon s'est suicidé" a pris une direction inattendue, quelque peu hors de contrôle. Je me suis aidé en écoutant A Group Called Smith, magnifique découverte, je recommande. Le groove de la vieille Sonorus de 55 est un peu reggae par moments. Il y a aussi un clin d'oeil à dEus. C'est la plus agressive, ses refrains sont sans pitié. "Princesse au regard couleur ciel de Belgique" est vernie car elle bénéficie de deux versions aux antipodes l'une de l'autre. Un rock nerveux, rapide. Sec et secoué par un solo de télécaster ininterrompu, très Benny Hill au final. Et une valse champêtre fin du monde avec cuivres, mandolines, autoharpe, ukulélé, batterie fanfare. Cette dernière, très déglingue à nouveau, pourrait l'emporter pour l'album mais pour le live qui sait. A noter que le texte "Petit Ramoneur de rien du tout" fonctionne à merveille sur la version rock. Mais je lui réserve une autre approche pour la prochaine session qui aura lieu dans un autre endroit. "Pieds Nus dans l'aube" et Irons-nous voir Ostende ?" gardent leur version Dobro du studio Astrid. J'hésite quant au final d'"Ostende", qui la porterait vers les 15 minutes. Mais pourquoi pas...
Donc. Au final de la session Nord-Nord-Est. Beaucoup de tambourins. Peu de guitare électrique. J'ai accordé l'autoharpe selon les accords que j'utilise le plus souvent ce qui lui donne une tonalité légèrement plus ombragée. Cet instrument me fait penser à une rivière. La mandoline résonne comme les ailes d'un oiseau. Le Dobro c'est l'élément métallique, dur, grinçant. Les tambours sont des coussins fermes et ronds qui rebondissent. Les orgues c'est le vent. Les vieilles guitares sont la forêt. Moi je suis un train de marchandises. Certaines basses sont chantées plutôt que jouées sur l'Höfner violon.  Il y a un truc très déglingué qui règne tout au long de ce recueil de chansons à naître. Je pense à explorer par là.
Mais d'abord trouver un endroit qui donne envie aux micros.