dimanche 18 décembre 2011

2011 ANNEE PALINDROME


Course en arrière.
Mot qui se lit dans les deux sens: radar.
Phrase: engage le jeu que je le gagne.
La photo ci-dessus.
Un paysage devient parfois palindrome.
Janvier en studio avec un Marc (Morgan). Décembre en studio avec un autre Marc (Dixon). Entre les deux, beaucoup de rien. Beaucoup de haine je dois l'avouer. C'était pourtant pas mal parti avec mon nouveau projet TYMPAN, tout était là ou presque. J'avais bien bossé à l'hiver, je pensais tenir quelque chose. Et puis et puis... J'ai commencé à peiner au printemps. Impossible de finaliser, de donner vie. Ca sentait déjà l'avortement. Enfin l'été parapluie s'en est mêlé. Un été inutile et chiant, avec de mauvais concerts à la clef. Des Francofolies impersonnelles et froides comme un four éteint. Etape de montagne, le maillot à pois ce n'est pas pour moi, enfin pas cette année. J'ai fait un earbreak (oreilles au repos) d'un mois. Puis j'ai réécouté. Et là plouf ! Pas moyen d'arriver au bout d'une chanson. Qu'est-ce que c'est chiant ! Avec effarement et découragement, je me suis rendu compte que je n'étais pas viscéralement attaché à ce travail. Malgré les bons échos reçus et les encouragements. Alors j'ai laissé tomber sans regret mais non sans honte. Je n'aime pas laisser les gens ni les choses en plan mais malheureusement ce fut la tendance fâcheuse de cette année crapuleuse. Bien malgré moi. D'autres en auraient fait un disque mais moi pas. Pas envie de rejoindre l'école du "vite fait mal fait". Trop facile, je me méfie du trop facile, ça cache souvent des cadavres. Pour défendre un disque devant les gens, çàd vous, et devant le music-business, je dois être convaincu de mon truc. Personne ne peut l'être à ma place. Et je suis un amoureux irrécupérable des mots, des paroles (vous savez ce truc qui a presque complètement disparu de la chanson française, cette musique qui est la plus triste au monde dans le mauvais sens du terme, si affreusement normative). Chanson belge moi, toujours et malgré tout. Chanter son pays et ses gens. Ses proverbes et ses contradictions, ses dames et aussi ses drames. De drames la Belgique en est remplie mais les décideurs (musicaux) ne veulent rien de cela. Des fesses et des paillettes, de mignons minois et des La La La. Surtout ne pas déprimer les gens. Surtout continuer à les prendre pour des demi-débiles. Bref, soit, Amen. Paragraphe suivant.

Le hasard de la route a voulu que je m'embarque sur la réalisation de l'album "Jours Sombres Nuits Blanches" de Marc Dixon, j'en ai déjà parlé mais c'est un cap important. Alors je fous ma copie au feu et je recommence, ça ne me fait pas peur. Feu de joie. Mais ce coup-ci, j'écris. Il y a tellement à raconter qu'on ne raconte plus. Je veux forcer le cadenas, je shooterai dedans jusqu'à ce qu'il cède. C'est mon travail pour 2012: 10 chansons dont je serai fier et que je jouerai sur scène avec un groupe et des guitares électriques. On jouera fort. Un disque, un ou deux titres pour la radio mais joués finement, des horreurs dans un emballage de velours. Pas de La La La. A la Dylan, façon 1966, un son qui claque et des mots qui fusent. Guitare acoustique à la poubelle. J'espère m'en sortir honorablement. Je pensais m'en être sorti mais non, coup dans l'eau. Bosser dur Jérôme, il faut que tu bosses, vas-y mon garçon travaille. Je tiens à remercier du fond du coeur la céleste Vinci et Marc Dixon, pour m'avoir donné les coups pieds au cul nécessaires pour me faire avancer à nouveau. Pour m'avoir ramené aux seules choses que je sais faire vraiment: écrire, jouer et chanter (-parler). Et je tiens à m'excuser auprès de vous qui attendiez quelque chose de moi cette année. Comprenez-moi: pas question de lancer de la piquette de supermarché sur le marché par dessus le marché, ce n'est pas mon genre. Nous en reparlerons.
ENGAGE LE JEU QUE JE LE GAGNE.
Kusje.
Veel veel.




JOURS SOMBRES NUITS BLANCHES



Jours Sombres Nuits Blanches, voilà qui pourrait parfaitement résumer les six derniers mois de cette mal fichue année 2011. Je vous en parle plus haut. Jours Sombres Nuits Blanches, c'est surtout le titre de l'album de Marc Dixon à paraître l'an prochain et que nous avons enregistré lui et moi à l'écart de tout en cette fin d'année. Le décor: une élégante villa sur les hauts plateaux désertiques. Le sujet: le Blues (majuscule j'insiste). Enfin c'est mon analyse. Flashback retour en arrière et je remonte dans l'hélicoptère; ma première rencontre avec le Dixon remonte au clip (raté) de "La Fille sous l'Eau", dont il était producteur (pas réalisateur hein, producteur, c'est pas l'même). Je me souviens de notre première entrevue dans un petit resto italien de la capitale. J'étais arrivé naïf et plein d'idées. Dixon m'avait retourné comme un crêpe en trois coups de cuillère à café. J'ai vite fait de m'écraser devant ce grand mec un peu froid et distant, d'apparence sûr de lui, un peu cynique et aux répliques parfois cassantes. C'était ma première impression, j'étais très impressionné. Ce clip fut un fiasco totalement réussi et dans les grandes largeurs, j'en ai pleuré à la première vision. Nos routes se sont croisées ici et là et de temps en temps, comme de vrais ménestrels que nous sommes en fin de compte. Puis enfin première scène avec lui le temps d'un "VROUM VROUM" endiablé lors d'une fancy fair Freaksville à Liège en 2010. Je le revois se tournant vers moi en criant : SOLO !!!!! Et enfin Berlin en janvier 2011 lors de l'enregistrement de l'album de Marc Morgan et les Obstacles. Dixon était là pour filmer et photographier, mais pas que pour ça. Il était là aussi pour m'apprendre le maniement des petites machines à café italiennes. Il était là pour sa coolitude. Il était là. Je me souviens que nous nous parlions beaucoup entre les prises, 10 années à se raconter plus le reste. Et les veillées très tard à l'appart sur Kastanien Allee, la découverte de Wilco Jonhson, l'amour des guitares Gretsch et des Fender Champs, les clichés pris pendant la journée, l'écoute collective des cd débusqués plus tôt dans les boutiques d'occase. A la fin de l'été, nous nous sommes revus, lui avec ses textes et moi avec ma Gretsch. Les Saloon Sessions étaient nées. Chaque lundi, nous placions ses textes en musique, les mots justes et quelques accords. L'air de rien un disque prenait forme dans son salon. Je nous revois affalés dans les canapés en train d'écouter religieusement nos démos. Et le café bien sûr, le café ! Alors nous nous sommes fait plaisir. Nous avons emménagé un vrai studio d'enregistrement dans cette immense baraque dans les Terres des Fins Fonds et nous avons appuyé sur rouge pendant une semaine. Dixon derrière le fabuleux micro à ruban AEA R84 et face à ses chansons. Moi derrière tout le reste: console, guitares, batterie, boutons, manettes, etc etc. Et face à mes limites. Une semaine de musique totale sans courrier, sans voitures et sans gouvernement. Au final nous avons enregistré un album de 12 chansons, 4 reprises et 8 originales. La plupart du temps en live, face à face. Guitare et voix. Je jouais les autres instruments par dessus ces prises live. Et nous y avons capté quelque chose d'essentiel, je ne sais pas quoi mais je sais que c'est essentiel. Le Blues peut-être. Sûrement. Son Blues à lui mélangé à mon Blues à moi. En passant parfois par le Blues des autres. Marc Dixon m'a montré, peut-être sans s'en rendre compte, que je pouvais encore enregistrer de la musique, ce dont je commençais à douter. Que je pouvais donner vie à des textes, ce que j'avais abandonné. Par découragement, haine et dépit. Dixon m'a aussi fait découvrir un nombre incalculable d'artistes, des vrais, pas ceux de la radio vous savez. Dixon m'a grondé lors de l'enregistrement d'un solo: "Arrête de faire ton Neil Young que tu ne seras jamais, je veux que ce soit toi qu'on entende dans ce solo, alors par pitié vide ton esprit et joue bordel !". Alors j'ai bafouillé un truc à la guitare, il a souri et lancé : "voilà, là c'est toi, c'est hésitant et triste, c'est parfait". Leçon à ne jamais oublier. Dixon m'a lancé dans des trucs que je n'avais jamais tenté, que j'estimais impossibles, hors de portée. Je n'ai eu d'autre choix que de foncer avec lui. Je me souviens d'une nuit où il m'a fait rejouer la même chanson pendant des heures car je ne trouvais pas le bon feeling, j'ai cru exploser. Mais au matin la chanson est apparue enfin et ça claque sévère. Vous verrez. Je me souviens qu'il m'a demandé de jouer de la batterie sur cette même chanson. J'ai failli me pisser dessus. Alors j'ai foncé. Quand je réécoute, je n'arrive pas à croire que c'est moi qui joue les tambours. Ca sonne comme les vieilles batteries des sixties, comme de vrais tambours ! Vous savez ce son de batterie comme sur les vieux disques, avant qu'un crétin n'invente le hard rock. D'habitude on sort éreinté d'une session d'enregistrement, là ce fut tout le contraire. J'ai senti revenir la confiance et l'envie, la hargne et l'énergie. J'ai de nouveau envie d'écrire et de jouer. Je lui dois une fière chandelle. Et vous aussi par la même occasion.

http://marcdixon.net/