mardi 3 janvier 2012

BLUE ONE (3'40"), BLACK PEARL (3'30") ET TESTA DORA (3'40")










POINT DE CORDE


J'ai toujours pensé que de nombreuses similitudes existaient entre la musique et le sport. Nombreuses. Surtout avec les sports où la technologie joue un rôle primordial telle la compétition automobile. La musique électrifiée est le résultat d'une technologie. Guitares, micros, amplis, consoles, effets, speakers, enregistreurs etc. Je parle du sport automobile car mis à part la musique, c'est un domaine qui m'a toujours passionné. Histoire de famille. Mon arrière grand-père était mécanicien chez Maserati. A l'âge de 15 ans, mon grand-père m'a mis au volant sur des chemins de campagne. J'ai vu mon père et ses frères trifouiller dans l'huile et les moteurs, amoureux de belles voitures, un peu basses, un peu rapides. Si possible italiennes. Puis est arrivé le karting. Mon paternel nous a lancé mon frère et moi, sur des châssis Tecno puis CRG, moteurs Rotax. J'ai commencé la compétition et j'ai gagné une poignée de courses, quelques championnats sans grande importance. Mais sur la piste, le circuit, c'était la vie. C'est sur la piste que j'ai appris des choses essentielles que j'applique en musique. Le rythme, le tempo, la concentration, le dépassement de soi et des autres. L'isolement aussi; en piste, je pénétrais dans un autre monde. Le souffle, le chant du moteur, les vibrations, le cri de pneus. Comme l'a écrit Françoise Sagan: "la vitesse, ce grand élan de bonheur !". Je me souviens de ces longues séances d'entraînement à tourner sans fin. On me surnommait "l'horloge" dans le paddock car j'étais régulier. Pas toujours le plus vite mais constant. J'ai gagné des courses grâce à cela. Puis le frangin m'a débordé très vite. Très très rapide le petit. Et peur de rien ni de personne ce qui n'était pas mon cas. Un jour mes freins m'ont lâché juste avant une chicane et j'ai percuté un arbre, à fond. Je me suis réveillé à l'hosto. Là j'ai eu peur. Mon frérot jamais. Il avait beau se mettre sur le toit, sur deux roues ou sur une seule, il repartait plus vite qu'avant. Il était vraiment très rapide. Il a gagné de belles courses puis s'est attaqué aux championnats d'Europe et Mondial. Pas mince. Malgré son impulsivité et son manque de chance, il s'y est plus que bien débrouillé. J'étais devenu son mécano et on parcourait les circuits d'Europe. Papa nous filait un sacré coup de main. Nous avions l'immense chance de cotoyer et d'affronter des pilotes illustres et bien plus rapides que nous: Jarno Trulli, Giancarlo Fisichella, Jenson Button, Anthony Davidson, Lotta Hellberg (R.I.P.), ... Mais tout doucement je laissais tomber les pistes pour les salles de concerts. Mon groupe Sealane tournait pas mal milieu des 90's. Le 31 avril 1994, Sealane remportait son premier concourt, Dominique A nous a remis le prix et on se croyait enfin arrivés. Le lendemain je rejoignais mon frère à Bologne d'où nous devions partir pour ValVibrata, championnat d'Europe. C'était le premier mai. Grand prix de Formule 1 d'Imola. En arrivant à l'hôtel j'ai vu passer un hélicoptère médical mais je n' y pas prêté attention. Mes parents et mon frère m'attendait au bar du Novotel, la mine basse. Mon père m'a dit : "c'est Ayrton ". Alors j'ai compris, l'hélico... Mes parents ont commandé une bouteille de champagne pour fêter la victoire de Sealane au concourt mais c'est à Ayrton Senna que nous avons levé nos coupes. Un des plus grands venait de s'en aller. Nous avons réussi une très belle course le week-end suivant, Thomas se classant 12ème, premier des pilotes privés. C'est Trulli qui a remporté le championnat. Le reste de la saison fut plus difficile. Deux ans plus tard, lors du championnat de Belgique, c'est avec Jenson Button que nous nous battions. Incroyable pilote, j'avais pour lui et ai toujours une profonde admiration. Thomas n'a jamais réussi à le battre et fut sacré vice-champion. (Imaginez mon émotion quand Jenson fut sacré champion du monde de Formule 1 en 2009. Une vraie leçon de vie). Après j'ai commencé mes voyages et Thomas les siens. Il est devenu mécano à son tour, gérant les futurs grands de demain; il a vu passer Vettel, qu'il surnommait affectueusement "petit bonhomme". Quand Sebastian croise mon frère de nos jours, il le lui rappelle en riant. La plupart des mecs qui courent aujourd'hui en Formule 1, Thomas les a vus hauts comme trois pommes dans leurs go-karts : Vettel, Hamilton, Rosberg, Kubika, Kovalaïnen, Raïkonnen, ... L'écurie Kosmic, dans laquelle il travaille depuis 4 ans, a été sacrée championne d'Europe et championne du Monde en 2010, grâce au formidable talent du pilote Armand Convers mais aussi grâce à tout le team. J'en ai pleuré au téléphone quand Thomas m'a annoncé le sacre. Ce Noël, il m'a offert le DVD "SENNA", le film sorti l'an passé sur le brésilien le plus rapide de tous les temps. Et j'ai pleuré en le regardant. Quand je me rend chez le frangin à Salo au bord du Lac de Garde, la première chose que l'on fait à part l'apéro, c'est de monter le Scalextric et de lancer nos trois Ford GT 40 Le Mans 1966. Guerre des chronos, guerre des réglages, c'est bon enfant, ça fait du bien de régresser un peu parfois. Cette année, il m'a battu. Comme l'an passé. Comme en karting. Il est plus rapide. Et quand on n'en peu plus de nos manettes, on se visionne le film "Le Mans" justement, avec Steve Mc Queen. On s'est offert les mêmes lunettes solaires que Steve, des Persol à la ligne un peu rétro dans notre "ottica" préférée à deux pas du plus beau Lac du Monde. Parfois nous partons à l'attaque des serpentins du Lac sur la Harley Fat Bob noire. Et souvent très tard, grappa à la main, nous terminons la nuit en discutant sans fin de la prochaine saison de Formule 1. Histoire de famille, mon père voulait être batteur mais avait commencé la guitare. Puis abandonné. C'est sur cette guitare que j'ai écrit ma plus belle chanson "Irons-nous voir Ostende ? " où il est question "d'avaler l'E40".