vendredi 11 mai 2012

MMMMEUUUUUH


C'est dans l'air. Ils vont revenir. Les pages "cultures" ne vont évoquer qu'eux, ça va être cool et pop ! Je parle des festivals musicaux de l'été, les gros calibres, entendons-nous bien. Les marchands de bière tiède se frottent les mains. Les agents des groupes aussi. Je sais de quoi je parle. Festival=cachet fois 2 pour performance en pilotage automatique divisée par 2. Le son, on s'en fout car on n'a pas le temps. Les lumières on s'en fout car il fait clair. Le public, on s'en fout aussi, demain il aura oublié. J'en ai fait un paquet de festival. Tout d'abord en tant que spectateur. Très peu de bons concerts. Vu les prix demandés, trop peu de concerts corrects. Simplement corrects.
En 1990, à Werchter, je m'endors debout pendant Bob Dylan alors que je suis archi fan. En 1995, je me barre avant R.E.M. tant la journée fut insupportable, passée à enjamber des gens.
Midnight Oil en pilotage automatique, The Cure à côté de ses pompes, U2 risible. Rage Against The Machine déjà nettement moins contre la machine. Smashing Pumpkins inaudible. Mano Negra au ralenti. dEUS habillé en grand-mères. PJ Harvey absente derrière son micro. Sinead O'Connor mal rasée. Lenny Kravitz approximatif. Red Hot Chili Peppers sauce cassoulet. Jeff Buckley mort camé, déjà les poumons à moitié rempli d'eau. Nick Cave endormi. Texas racoleur. The Cranberries qui se prennent pour U2. Coldplay...euh non, pas Coldplay. Noir Désir incompréhensible. Radiohead soupe-au-lait. Archive qui se prend pour ZZ Top, ZZ Top qui tente de se prendre pour ZZ Top, Motorhead qui a une fuite d'huile, Simple Minds qui se prend pour Massive Attack, Portsihead qui aurait mieux fait de ne pas venir. The Pogues mais sans Shane Mc Gowan, trop bourré dans son tourbus. Sonic Youth qui a oublié de répéter et de s'accorder. Ah mais c'est vrai Sonic Youth ne s'accorde jamais, c'est un peu le principe du concept. Les Ramones empaillés. The House of Love qui sonne comme un pet de souris. Les Pixies qui sonnent comme un pet de rat musqué.
Je critique mais je n'ai guère fait mieux, loin de là. Que ce soit avec Jeronimo ou d'autres groupes: bilan lamentable. Attitude identique: d'abord des bières, ensuite encore des bières. 25 clopes. Et puis des bières. Enfin et surtout admirer la couleur des billets avant de sortir la moindre guitare, vite vite cling cling boum boum, merci, au revoir. Et remettez un peu deux bières par ici une fois voir. Euh non mettez-en plutôt 15 tant que vous êtes debout. Euh non je n'ai plus de tickets et alors ?!!!!! Suis artiste moi monsieur ! Regardez j'ai mon pass avec écrit backstage dessus. Ou est mon manager ? Il est en train de prendre sa commission le manager. Interviews. Question type: "alors qu'est-ce que ça fait de vous produire ici sur la scène Rambo (le déodorant qui rend beau) aux côtés de noms prestigieux tels Pathatrax ou encore Julien Sombre ?" Réponse type: "Bêêê c'est vachement super chouette, je suis super content content d'être super là, le public est super, c'est vraiment un super festival, un super accueil, en plus on  avait un super son sur scène, on a tout donné tu vois, super quoi, même le couscous froid était super, ça restera un super souvenir, on n'oubliera jamais !"...
Ciao et à dans deux ans, même jour, même heure, mêmes porcs pour l'album suivant. Et ainsi de suite.
Quelques très bons souvenirs cependant, mais trop peux nombreux: Nirvana, inconnu au bataillon en aout 91 qui débarque à midi et qui casse tout. The Verve, inconnu au bataillon en 93, qui débarque à midi et qui renverse tout dès le premier accord de guitare tellement ça va fort et bien. Miranda Sex Garden. Black Dub. God Speed You Black Emperor. M. Les Shériffs. Purple Hands. dEUS. Jeronimo, (hum) ... Michel Fugain... euh non pas Michel Fugain.
Ce qu'on voit depuis la scène d'un gros festival (sponsorisé par tel ou tel parti politique, chaque gros festival a sa "couleur" ne l'oublions tout de même pas, ainsi que par des filiales automobiles, téléphoniques et consorts), voir la photo ci-dessus. Multipliée par 2, 3, 4, 5 parfois 10.000. Et les vaches ont tout mon respect, je les adore. Je côtoie les ados tous les jours. Je les aime. Cible facile, cible principale, vache à lait des festivals. Ils me parlent souvent de liberté de pensée, de l'horreur économique, de l'importance d'affirmer sa personnalité, ses choix, ses différences, ils parlent d'aventure, etc. Dans 6 semaines, la plupart n'y pensera plus. Noyée qu'elle sera dans la mauvaise bière, la boue et les mauvais décibels. Pendant ce temps-là, de l'autre côté de la scène, on compte les billets et on se frotte les mains. Et bien sûr on pense déjà à l'édition suivante qui se voudra plus conviviale, plus écologique, plus tendance, plus aventureuse. Qui sera identique... sauf le prix.  Meuh !

PS: la photo est un autoportrait de votre serviteur voici 2 ans aux Bouzôfolies ;-)