mardi 28 octobre 2008

Parler d'un disque


Je parle de mon disque inlassablement, je parle de mon disque facilement. On me pose toujours les mêmes questions donc par honnêté et par paresse, je livre toujours les mêmes réponses. Aux "pourquoi" je réponds "parce que"; aux "comment" je réponds " comme-ça" (parfois "comme-ci"). Je souris, je dis merci, au revoir, bonjour, enchanté, on s'est déjà rencontré, pardonnez-moi je suis en retard, pardonnez-moi je suis en avance, je dis : " bonjour c'est jeronimo et vous écoutez Machinchouette Fm sur 5678.893", je répète : "bonjour c'est jeronimo et vous écoutez Trucbazar Fm sur 67575.767 et restez branché car ma chanson va passer", je dis oui tant que je peux et j'évite les non mais parfois on est obligé. Par moments je regarde par les fenêtres en répondant aux questions et je me détache complètement de ce que je suis en train de faire. Parfois le journaliste s'en rend compte mais n'ose rien dire. J'observe le manège des voitures par la vitre et le monologue devient un simple bruit de fond, j'ai la tête ailleurs. Blablablabla. Je rêve à une chanson qui n'existe pas encore qui débuterait par deux notes d'orgue. le monologue s'efface, je n'ai plus conscience de ce que je suis en train de palabrer au journal dont je ne connais même pas le nom. Parfois il ya des caméras et là c'est plus difficile de s'évader par la fenêtre du quatrième étage en songeant à la chanson qui n'existe pas encore et qui débuterait par deux notes d'orgues et un arpège de guitare avec du trémolo. Je parle en souriant et en me tortillant sur mon siège; jambes croisées, mains jointes, puis en lotus, bras écartés, puis un jambe repliée sous mes fesses avec les bras croisés. Ne pas se frotter le visage quand on pose la question car c'est un signe d'embarras. Café, coca, aller fumer sur les parvis. Souvent je suis seul, personne ne m'accompagne. A la fin de la journée je suis fatigué et le monologue inutile tourne sans cesse dans ma tête alors je mets de la musique très fort sur l'E40 et je m'arrête à Leuven, station shell , me payer une Stella 50 cl. Puis je repense à la chanson qui n'existe pas encore, qu'ouvriraient deux notes d'orgues et un arpège de guitare avec du trémolo et un tambourin épars dans le fond.

Aucun commentaire: